Transcription

Monsieur le Président, j’interviens aujourd’hui au sujet d’une mesure d’initiative parlementaire, le projet de loi C-211, Loi concernant un cadre fédéral relatif à l’état de stress post-traumatique.

Présenté par le député de Cariboo—Prince George, le projet de loi C-211 invite la ministre de la Santé à élaborer un cadre fédéral relativement à un enjeu complexe nécessitant un effort concerté.

Je remercie le député de Cariboo—Prince George, qui a présenté cette mesure à la Chambre. Je prendrai un moment pour parler du trouble de stress post-traumatique, un enjeu important au Canada.

La question du stress post-traumatique me touche personnellement, car je suis fille et épouse de pompiers, et mère de deux membres des Forces armées canadiennes. En tant que société, nous avons fait beaucoup de chemin et beaucoup appris depuis que l’American Psychiatric Association a ajouté le trouble de stress post-traumatique au Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, en 1980.

Cet ajout a été un point tournant, puisqu’il reconnaissait officiellement que le trouble de stress post-traumatique est un trouble de santé mentale acquis, et non une faiblesse personnelle. Au cours de la dernière décennie, des chercheurs ont démontré, grâce à la neuroimagerie, que le trouble de stress post-traumatique est réel et mesurable. Les chercheurs peuvent maintenant observer les circuits neuronaux qui jouent un rôle dans ce trouble de santé mentale.

Malheureusement, le sensationnalisme de la couverture médiatique a contribué à perpétuer un stéréotype caractérisé par une psychose et la violence, ce qui ne constitue pas une description pertinente de ce trouble mental.

Un événement traumatique implique une exposition à la mort réelle ou menacée, des blessures graves ou des violences sexuelles en tant qu’expérience unique, ou en tant qu’événements durables ou répétés.

L’exposition peut se produire en subissant directement l’événement traumatique ou en témoignant ou en apprenant des choses sur un événement traumatique arrivé à d’autres.

L’événement ou les événements effacent complètement la capacité de l’individu à faire face aux idées et aux émotions liées à cette expérience ou à les intégrer.

Parmi les événements qui peuvent être associés à l’état de stress post-traumatique, nommons l’exposition au combat, les mauvais traitements pendant l’enfance, l’agression sexuelle et la violence physique. Beaucoup d’autres événements traumatisants peuvent entraîner ce trouble, comme les catastrophes naturelles, la violence conjugale et d’autres incidents extrêmes ou potentiellement mortels. Le trouble peut se présenter immédiatement après l’expérience bouleversante ou se développer des semaines, des mois ou même des années plus tard.

Selon une étude de 2008, environ 9 % des Canadiens seront atteints de l’état de stress post-traumatique au cours de leur vie. Ce pourcentage correspond à la prévalence mondiale, qui varie entre 7 % et 12 %. Les études indiquent que les femmes sont deux fois plus susceptibles d’en souffrir que les hommes, mais que les hommes sont moins portés à demander de l’aide. Les enfants et les adolescents peuvent aussi être touchés, et le bagage génétique pourrait rendre certaines personnes plus à risque de développer le trouble.

Nous savons également que certains groupes sont plus à risque de souffrir de l’état de stress post-traumatique parce que leur travail les expose à des événements extrêmes et traumatisants qui peuvent se répéter. Même si le trouble est souvent associé au service militaire, il peut être observé chez les premiers répondants, les pompiers, les agents correctionnels, le personnel des salles d’urgence, les victimes de crime et les membres de la GRC.

Selon les quelques études réalisées, entre 10 % et 35 % des premiers répondants seront atteints de l’état de stress post-traumatique, et la prévalence au cours d’une vie de ce trouble est de 11 % chez les membres actifs des Forces armées canadiennes. Malheureusement, il n’y a pas suffisamment de données de qualité pour brosser un portrait clair et complet de la prévalence et des effets socioéconomiques de l’état de stress post-traumatique au Canada.

La cueillette de données de qualité sur la prévalence et les répercussions de l’ESPT au Canada n’est qu’une partie de la solution. Un autre aspect important de cet enjeu est celui de la sensibilisation du public à ce trouble mental.

Bien que la sensibilisation de la population à ce problème se soit considérablement accrue au cours des dernières années, il existe toutefois des lacunes sur le plan des connaissances et de la compréhension des symptômes et des thérapies dans le traitement de l’ESPT.

Il faut toujours déplorer le fait que, malheureusement, comme c’est le cas pour plusieurs autres maladies mentales, la stigmatisation associée à ce trouble mental empêche plusieurs individus de chercher de l’aide et d’autres personnes de reconnaître la présence des symptômes qui y sont associés.

L’apparition d’un trouble de stress post-traumatique n’est pas un signe de faiblesse. Bon nombre de facteurs déterminent si une personne souffrira de ce trouble, qui se manifestera sous diverses formes. Certains facteurs de risque prédisposent une personne à l’état de stress post-traumatique. Par contre, des facteurs de protection peuvent accroître la résilience et réduire le risque d’être victime de ce trouble.

Les gens qui ont subi des traumatismes antérieurs, qui ont été maltraités durant leur enfance, qui souffrent déjà de problèmes de santé mentale ou qui possèdent des antécédents familiaux de maladie mentale sont tous à risque. D’autres facteurs de risque socioéconomiques incluent un faible niveau de revenu, un faible niveau de scolarité et l’appartenance à une minorité ethnique. En outre, les victimes d’un traumatisme qui ne disposent pas d’un soutien social sont également plus à risque.

Quant aux facteurs de protection, il y a notamment chercher et obtenir l’appui d’amis et de parents, trouver un groupe de soutien ou encore et adopter des stratégies positives d’adaptation. Les chercheurs étudient l’importance et l’interaction des facteurs de risque et de protection. Les résultats de leurs recherches continuent de nous aider à mieux comprendre l’état de stress post-traumatique, contribuant ainsi à l’élaboration d’approches efficaces en matière de prévention et de traitement.

Alors que chaque individu présente des symptômes qui lui sont propres, les individus touchés ont souvent tendance à revivre un événement traumatique qu’ils ou elles ont vécu, que ce soit sous la forme de retours en arrière et de cauchemars ou en étant exposés à des situations rappelant le traumatisme subi. Parmi les symptômes observés, signalons les pensées négatives, un sentiment d’isolement ou de détresse et l’absence de réactions ou de crainte.

Les personnes aux prises avec l’ESPT peuvent également avoir des troubles de sommeil, de l’angoisse, un comportement dépressif et un sentiment d’impuissance devant une tâche pourtant très peu exigeante.

Il est également très courant pour des individus subissant un ESPT de se médicamenter eux-mêmes en consommant des drogues ou de l’alcool.

Étant donné l’ampleur des symptômes, il n’est guère surprenant que ce trouble puisse aussi réduire la capacité d’une personne d’entretenir des relations, de mener une vie professionnelle normale ou de s’adonner à des loisirs.

En l’absence d’un traitement pertinent, les symptômes de l’ESPT peuvent empirer et produire des effets durables et dévastateurs. Parmi les cas documentés à cet égard, on signale une consommation abusive de drogues et d’alcool, la douleur chronique, l’hypertension, l’automutilation et le suicide.

Il y a de plus en plus de preuves que le traitement précoce des symptômes de traumatisme pourrait réduire le risque de souffrir d’un trouble de stress post-traumatique. Cela porte à croire qu’une intervention précoce après le diagnostic, dans le cadre de laquelle on administre un traitement fondé sur des données probantes, est essentielle afin de prévenir l’aggravation de ce trouble. L’état de stress post-traumatique touche les gens différemment. Par conséquent, un traitement qui fonctionne pour une personne pourrait ne donner aucun résultat pour une autre. Certaines personnes atteintes de ce trouble doivent essayer divers traitements afin de trouver celui qui les aidera. Le rétablissement est plus difficile pour celles qui ont subi des traumatismes répétés ou qui ont vécu des traumatismes tôt dans leur vie.

L’objectif est d’élaborer des thérapies plus personnalisées, efficaces et efficientes, voire de prévenir la manifestation du trouble.

Différents secteurs de recherche continuent de fournir des pièces du casse-tête et de nous permettre d’améliorer notre compréhension globale de l’état de stress post-traumatique. Je trouve encourageant le travail accompli dans ce dossier par les ministères fédéraux ainsi que par les provinces, les territoires et les groupes de revendication de partout au pays.
Nous devons concerter nos efforts pour faire tomber les préjugés et permettre aux personnes et aux familles qui souffrent d’obtenir l’aide dont elles ont besoin. Aujourd’hui, nous avons la chance de nous unir, de mettre de côté la partisanerie et de soutenir nos héros de tous les jours.

Je suis très heureux d’avoir eu l’occasion de parler de cette question importante à la Chambre des communes.